Le 25 septembre 2021 Priština a gravement mis en péril la paix et la stabilité régionale
Brnabić a pris la parole lors du débat général des dirigeants mondiaux, dans le cadre de la 76e session de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York. Nous relatons le discours de la Première ministre dans son intégralité: Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général, Excellences, Mesdames et Messieurs, C'est un grand honneur pour moi de m'adresser à vous aujourd'hui au nom des citoyens de la République de Serbie. Honorables Excellences, Monseiur Abdulla Shahid, Monseiur Volkan Bozkir et Monseiur António Guterres, je tiens à vous remercier pour l’engagement actif, le dévouement et le leadership dont vous faites preuve en ces temps difficiles pour les Nations Unies et pour toute l'humanité. La Serbie partage votre conviction et nous sommes voués pleinement et entièrement à apporter notre soutien à vos efforts. Cette année, nous nous réunissons à un moment décisif de notre histoire. Le Covid-19 a ébranlé nos fondements à fond. En même temps, nous sommes témoins et ressentons de plus en plus les effets du changement climatique. Et, enfin, nous voyons des changements importants dans les partenariats et les alliances mondiaux, des guerres commerciales entre partenaires et alliés traditionnels, le protectionnisme au lieu de l'ouverture et du marché libre, et une incertitude globale sans précédent. Certains des problèmes pressants et hautement affectifs que nous avons localement, dans les Balkans, ne sont toujours pas résolus et alors que nous essayons - et la Serbie y est particulièrement attachée - de changer l'avenir en travaillant ensemble et en créant des alliances, par le biais d'initiatives tel le processus de Berlin ou les Balkans ouverts, d'autres tentent de perturber ces processus et au lieu de se concentrer sur l'avenir, ils veulent recréer le passé - à tout prix. Mais permettez-moi de commencer par le sujet de Covid: La pandémie de Covid-19 a révélé des faiblesses critiques dans l'architecture de la gouvernance mondiale. Elle a menacé d'effacer le progrès réalisé par de nombreuses nations ces dernières années. Il a amené les nations à un carrefour entre l'isolement et la coopération, entre la panique et l'espoir, entre le chaos et l'ordre. La pandémie a remis en question certains des principes fondamentaux d'un ordre international ouvert et coopératif. Échanges mondiaux, communication internationale, commerce transfrontalier, ils ont tous connu un énorme déclin. Le couvre-feu, les restrictions à la liberté et le verrouillage de sociétés entières ont créé de l'incertitude dans de nombreux volets de la vie individuelle de nos citoyens ou - également - dans notre propre vision individuelle de ce que signifie la liberté dans le monde d'aujourd'hui. Pour ce qui est de la Serbie, cette pandémie a menacé de ruiner tout ce que nous avons fait et faisons depuis 7 ans, de détruire tous les résultats et réalisations des réformes difficiles que nous avons entamées en 2014, et de nous replonger dans une époque d’un taux de chômage élevé, une dette publique croissante, un déficit incontrôlable et un désespoir généralisé. Comme dans tous les autre pays, le Covid-19 a mis à l'épreuve à bien des égards la résilience de nos peuples et, cette fois, contrairement à l'époque de la crise financière mondiale - qui était beaucoup plus limitée dans sa portée et incomparable à la pandémie de covid-19 en termes de conséquences - la Serbie a tenu bon. Les réformes que nous avons entreprises avant le Covid-19 nous ont rendus plus résistants que jamais. La consolidation fiscale, l'excédent budgétaire que nous avions, un climat d'investissement efficace et prévisible sont devenus la bouée de sauvetage qui nous a sauvés de la récession pendant la pandémie et nous ont permis de soutenir nos citoyens et notre économie en ces temps les plus difficiles. Malgré les effets de la crise, la Serbie a réussi à préserver la stabilité financière et économique. En 2020, nous avons enregistré une baisse du PIB de seulement 0,9% - ce qui était l'un des meilleurs résultats en Europe. Notre dette publique est restée inférieure à 60% de notre PIB, les salaires moyens ont continué de croître de près de 10%, tandis que le nombre d'employés a augmenté de plus de 3% malgré la pandémie. La relance est plus forte que prévue cette année - notre croissance du PIB sera d'environ 7 %, et peut-être même plus. Avant la pandémie, nous avons ouvert nos frontières aux investissements, à la technologie et aux idées, et nous avons réussi à créer un environnement pacifique et stable qui nous a permis de réaliser une transformation nationale rapide, fondée sur une économie basée sur l'innovation et la compétence. Les avancées innovantes que nous avons réalisées nous ont permis de diversifier nos capacités lorsque le virus nous a frappé - grâce à l’e-gouvernement, à l'éducation en ligne et aux manuels scolaires numériques ou à un système logiciel central pour une introduction réussie de la vaccination. Nous avons beaucoup investi dans l'infrastructure sanitaire et renforcé le système de santé pour répondre à la crise actuelle, éternellement reconnaissants aux agents de santé pour leur combat prodigue. Notre décision de mettre la géopolitique de côté et de mettre les gens au centre de nos mesures est la raison pour laquelle nous avons pu obtenir des vaccins plus rapidement que la plupart des autres pays. Nous n'avons pas fait de distinction entre les fabricants, il nous importait peu de savoir si les vaccins provenaient de l'Est ou de l'Ouest, mais nous avons choisi de négocier avec tous les fabricants de vaccins que les autorités réglementaires considéraient comme sûrs. Cette ouverture nous a donné la possibilité d'acheter des vaccins du monde entier, donnant à nos citoyens la liberté unique de choisir le vaccin qu'ils souhaitent principalement. Excellences, La Serbie croit à la solidarité entre les peuples, au multilatéralisme et à l'aide aux autres lorsqu'ils en ont besoin. Depuis le début de cette année, nous menons la mission que nous avons choisie - soutenir nos voisins, ainsi que tous ceux qui en ont besoin, avec des vaccins contre le Covid-19, et nous avons permis à des citoyens étrangers de venir en Serbie pour recevoir un vaccin qui leur sauvera la vie. Au total, la Serbie a fait don ou alloué plus d'un million de doses de vaccins - dont 230.000 doses pour la région; 300.000 doses pour les ressortissants étrangers venus se faire vacciner en Serbie; et 570.000 doses supplémentaires pour les pays d'Afrique et d'Asie. Nous continuerons à le faire, dans la mesure du possible, jusqu'à ce que le Covid-19 soit derrière nous tous. C'est pourquoi nous avons également pris des mesures pour nous procurer la technologie permettant de produire au moins deux types de vaccins anti- covid afin d'améliorer l'accès mondial, de sorte que nous puissions tous être en sécurité et nous sentir victorieux. Toutefois, comme l'ont déclaré les officiels de certaines des plus grandes nations au cours de cette Assemblée générale, il existe d'autres questions d’actualité brûlante que nous devons tous résoudre sans plus tarder et avec courage - et c'est le changement climatique. La Serbie a redoublé d'efforts pour rendre notre pays plus sûr et plus propre pour tous ses citoyens et, ce faisant, pour contribuer à la lutte contre le changement climatique et à la lutte pour la protection de l'environnement. Nous sommes fermement attachés à la mise en œuvre des objectifs de développement durable et de l'Accord de Paris sur le changement climatique. Nous sommes engagés dans les efforts mondiaux et continuerons à travailler activement pour remplir nos obligations en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Nous sommes sur le point de soumettre nos contributions déterminées au niveau national révisées à cet effort mondial critique. Nous avons déjà annoncé notre intention de réduire les gaz à effet de serre d'au moins 33,3% par rapport à 1990 et de 13,2% par rapport à 2010, que nous intégrons actuellement dans nos documents stratégiques énergie et climat. Nous travaillons stratégiquement à la planification et à l'investissement dans ce secteur. Ces investissements sont extrêmement coûteux, il faut des années et des décennies d'engagement et une approche systématique - mais nous sommes clairement déjà sur la voie de cette transformation. Mesdames et Messieurs, De tous les défis auxquels nous faisons face, celui qui inquiète le plus la Serbie est le maintien de la paix et de la stabilité dans la province méridionale serbe du Kosovo-Metohija. Depuis plus de deux décennies, nous attirons constamment l'attention de la communauté internationale sur les problèmes auxquels est confrontée la population non-albanaise au Kosovo-Metohija. La sécurité physique, le respect et la protection des droits de l'homme, notamment des communautés minoritaires, sont loin d'être satisfaisants. Nous assistons à une augmentation constante du nombre d'attaques visant les Serbes, leurs biens et leur patrimoine religieux au Kosovo-Metohija. À titre d'exemple, il y a eu 55 incidents de ce type en 2014, 62 en 2016, 71 en 2020 et 100 depuis le début de cette année. Le nombre total d'attaques en 2020 a été dépassé en juin déjà de cette année. Selon les données de l'ONU, le Kosovo-Metohija est toujours le territoire avec le plus faible nombre de rapatriés (Serbes déplacés à l'intérieur du pays) de toutes les zones post-conflit dans le monde! Je vais vous donner quelques exemples pour illustrer à quoi ressemble la vie des Serbes au Kosovo-Metohija. Le 11 mai, la maison de Radoje Pumpalović, 81 ans, rapatrié au Kosovo-Metohija dans le village de Dubrava, municipalité d'Istok, a été attaquée. Il s'agissait de la 5e attaque contre lui la même année. Je le répète… il a 81 ans. Depuis juin 2021, plusieurs attentats ont été perpétrés contre Dragica Gašić, une femme de 59 ans, la première serbe rapatriée à Đakovica après 22 ans depuis la fin du conflit. Les attaques comprennent la lapidation de son appartement, l'interdiction d'acheter des vivres dans une épicerie locale et des pétitions d'organisations de la société civile exigeant son expulsion de la ville. Le 2 juillet, dans le village de Gojbulji près de Vučitrn, un groupe d'Albanais a attaqué Nikola Perić, 13 ans. L'attaque s'est produite alors qu'il rentrait chez lui de la cour de l'école avec trois camarades. Les attaques contre les églises, monastères et monuments médiévaux serbes au Kosovo-Metohija en font l'un des sites du patrimoine culturel les plus menacés d'Europe. Le monastère de Visoki Dečani a récemment été classé sur la liste d’Europa Nostra comme l'un des 7 sites du patrimoine les plus menacés d'Europe en 2021. Le groupe consultatif d’Europa Nostra a déclaré que Dečani est le seul monument en Europe sous forte protection militaire permanent pendant 20 ans malgré le fait qu'il s'agit d'un monument de la plus grande importance historique et culturelle pour l'Europe et le monde. Cette spirale de violence qui se déroule au Kosovo-Metohija a culminé en ce début de semaine. Sous prétexte de mettre en œuvre de nouvelles règles pour les plaques d'immatriculation des voitures, Priština a déployé des unités spéciales lourdement armées dans le nord de la province. Il s'agit d'une autre violation brutale de l'Accord de Bruxelles, et cette démonstration de force irrationnelle a déclenché une crise plus grave. Elle a perturbé la livraison de vivres et de médicaments aux communautés serbes du nord de la province. Les Serbes locaux qui se sont rassemblés pacifiquement pour protester contre cette mesure ont été accueillis par des gaz lacrymogènes et des brutalités policières, ce qui menace sérieusement la stabilité locale et régionale. Malgré tous les défis et les provocations quotidiennes, la Serbie reste fermement engagée à trouver une solution basée sur le compromis, qui assurera une paix durable et soutenable. Le dialogue et la mise en œuvre des accords conclus - sont la seule bonne façon de résoudre tous les problèmes ouverts. Mais, près de 9 ans après la conclusion de l'Accord de Bruxelles, premier accord de normalisation entre Belgrade et Priština, la création de l'Association des municipalités serbes - l'épine dorsale de cet accord - n'a même pas commencé. Je voudrais une fois encore lancer un appel à la communauté internationale, et en particulier à l'Union européenne en tant que garante de l'Accord de Bruxelles, pour qu'elle insiste fermement à ce que les institutions intérimaires du gouvernement autoproclamé de Priština se mettent à appliquer tous les accords conclus. La République de Serbie, défendant sa souveraineté et son intégrité territoriale, défend en même temps le droit international, la Charte des Nations Unies, la résolution 1244 juridiquement contraignante du Conseil de sécurité des Nations Unies et l'autorité suprême du Conseil de sécurité lorsqu'il s'agit de préserver la paix et la sécurité internationales. Nous accordons une attention particulière à l'importance des activités de la mission de l'ONU au Kosovo-Metohija et nous nous attendons à ce qu'elle poursuive la mise en œuvre de son mandat dans la province conformément à cette résolution. Chers amis, Notre génération partage le destin commun du monde moderne, qui devient de plus en plus complexe en termes de géopolitique, de technologie, de santé, de climat. Face à de tels défis, la Serbie continuera à entretenir des partenariats sur une base prévisible et transparente. Nous continuerons à mettre en œuvre les réformes de l'État de droit sur notre voie vers l'UE, qui est notre objectif stratégique de politique étrangère. Nous considérons cet objectif comme indissociable de la réalisation d'une paix, d'une stabilité et d'une prospérité durables. Nous serons hôtes, avec la République d'Azerbaïdjan, qui préside actuellement le Mouvement des non-alignés, d’un événement commémoratif de haut niveau célébrant le 60e anniversaire de la Première conférence du Mouvement des non-alignés, tenue à Belgrade en 1961. Nous nous réjouissons d’avance d'accueillir à Belgrade en octobre prochain nos amis des quatre coins du monde. Nous renforcerons encore la coopération dans l'ensemble des Balkans, par le biais de l'initiative Les Balkans ouverts et le Processus de Berlin, en ouvrant les frontières, en réconciliant les différences et en intégrant davantage notre région. Pour conclure, Au cours des 7 dernières années, la Serbie s'est transformée: nous avons lancé une reprise économique, créé des opportunités pour les jeunes, encouragé un boom technologique et amélioré la position de la Serbie à l'étranger. Les progrès que nous avons réalisés ont permis à la Serbie de faire face plus fermement et de survivre à la pandémie. Le monde est maintenant confronté à un tournant. La reprise après le Covid-19 et la relance durable ne seront pas possibles si les problèmes, anciens et nouveaux, ne sont pas résolus par des forces conjointes et des actions internationales collaboratives. Nous avons tiré un enseignement important de cette pandémie: si nous ne sommes pas tous en sécurité, personne n'est en sécurité - donc, soit nous pouvons gagner tous ensemble, nous tous - peu importe que nous soyons riches ou pauvres, grands ou petits, d'Europe, d'Asie, d’Afrique, d’Amérique, d’Australie, soit échouer tous ensemble. Toujours est-il, la pandémie de Covid-19 et le problème du changement climatique auraient dû nous apprendre au moins à nous tenir les uns aux autres. Je vous remercie. Source: www.srbija.gov.rs |